Les dix commandements du blog du galop ...

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Cela fait maintenant dix ans que je suis les courses de plat avec une passion et une intensité toujours croissante, et je dois avouer qu’on apprend beaucoup en tant que turfiste voguant entre désillusions et moments d’euphorie. Si je ne me fais pas d’illusions quand au fait que c’est plus l’Etat qui me doit de l’argent au final que le contraire, ces années m’ont permis d’identifier quelques règles à suivre pour ne pas se brûler les ailes trop souvent et ne pas avoir des envies de se cogner la tête contre les murs à chaque course.

Voici donc, en quelque sorte, les 10 commandements de ma vie de turfiste.

 

#1 : L’ARGENT QUE TU NE PEUX TE PERMETTRE DE PERDRE TU NE JOUERAS PAS

C’est la règle de base de tout jeu d’argent. Le ‘gambling’ est une pratique addictive à souhait, mais cela ne doit pas empêcher de garder son sang-froid et de fixer des règles à ne pas outrepasser.

 

#2. SI C’EST JUSTE « PAR INTERET », MESUREES TES MISES RESTERONT

Evidemment, il est frustrant d’observer une course sans avoir investi un petit pécule, mais pour prendre du plaisir sur le long terme, il faut être maitre de comment on joue. Par exemple, vous ne verrez jamais sur ce blog des pronostics ou des impressions sur l’univers du trot, qui ne me passionnent aucunement. D’où cette longue période d’hibernation. Cela ne doit pas empêcher de se faire plaisir sur l’hippodrome dans une réunion mixte, mais les mises doivent rester minimes. Et rien n’empêche de faire l’impasse sur certaines courses, pour lesquelles on fera malgré tout un prono duquel on tirera des leçons pour l’avenir.

 

#3. SUR UNE COURSE RATEE, UN CHEVAL TU NE CONDAMNERAS PAS

L’exemple type pour illustrer mon propos concerne un de mes chevaux de cœur, Magadan, et celui avec qui il a eu de superbes luttes à 3 ans, Montmartre. Ces deux-là étaient passés complètement au travers de leur Jockey-Club à Chantilly. Pourtant, ils surent remettre les pendules assez vite à l’heure par la suite. Une défaite est toujours excusable. C’est l’accumulation de défaites qui doit appeler à la réflexion.

 

#4. DE TOUS LES PARAMETRES, LES COTES PRECEDENTES DES CHEVAUX TU PRIVILEGIERAS

Les exemples foisonnent. Il est assez incroyable de voir comment de nombreux  turfistes interprètent les résultats d’une course. Comme s’il s’agissait d’une rangée de 1 et de 0. Superpoulain a battu Lune d’Opale une fois, alors Superpoulain est meilleur que Lune d’Opale. Et ils en font un adage inattaquable. Hier, lors de mon étude de la septième épreuve, outre Versaki que j’aimais de toute façon bien à ce niveau, je tombe sur la dernière course d’Aléandros, futur gagnant de l’épreuve. Ce cheval là était parti à 11/1 contre un lot semblable lors de sa course précédente. 11/1 dans un handicap de 20 partants : il était joué en somme. Hier, il se retrouve à plus de 30/1 sur la base de son semi-échec dans la course d’avant, bien moins joué que d’autres chevaux qui étaient alors moins joués que lui. Résultat : Aléandros l’a emporté en se tordant de rire à grosse cote.

Un autre exemple dont je me souviens concerne un « Doumen » du nom de Samando, gagnant d’une Groupe II la veille de l’Arc à 25/1. Le favori, un « Abdullah » dont j’ai oublié le nom, était parti écrasé d’argent. Lors d’une course précédente, le « Abdullah » avait affronté Samando. Et ce dernier avait été le plus joué des deux.

 

#5. DANS LES HANDICAPS, LES RECENTS VAINQUEURS DE HANDICAPS ET LES PETITES COTES TU BANNIRAS

Je ne sais si c’est France Galop qui les embauche, mais toujours est-il que les handicapeurs ont un boulot. Et s’ils ont un boulot, c’est qu’ils doivent faire bien faire leur travail, ce qui signifie, dans les handicaps, « équilibrer les chances théoriques de tous les concurrents ». Donc, qu’arrive-t-il à un récent vainqueur de handicap ? Il est pénalisé au poids. Et la fois suivante ? Il est fort peu probable qu’il gagne un second quinté de suite. Il y a  quelques contre-exemples certes, le plus fameux était peut-être Billy The Kid, qui avait collectionné les succès pour l’écurie du Club Galop. Mais combien de handicaps se disputent chaque année ?

Pour ce qui est des petites cotes, vu que le handicapeur fait bien son boulot, pourquoi s’entêter à jouer les chevaux que tout le monde joue, alors que tous les partants ont une chance théorique égale ? On m’avait ri au nez lorsque j’avais annoncé que Zagzig ne ferait pas l’arrivée de son premier quinté, à … 2/1. Cote ridicule pour un handicap. De mémoire, Savoie et Un Air de Salsa avaient fait l’arrivée et Zagzig avait fini 6ème.

 

#6. LES TROIS ENTRAINEURS LES PLUS SOUS-ESTIMES DU MONDE DU PLAT (Xavier Nakkachdji, Nicolas Clément, Jean de Roualle) TU VENERERAS

Depuis Satwa Queen, qui avait donné fort chaud à une « Aga Khan » dans un Prix de l’Opéra, à la cote de 20/1, je respecte Jean de Roualle comme aucun autre entraîneur. En réalité, mon respect datait de bien avant et d’une certaine Summer Cloud. Parenthese refermée Je prends note de tous ses partants, qui ont tous la particularité d’être sous-joués par les turfistes. Pour Nicolas Clément, c’est un peu la même chose. Dans les maidens où les grosses maisons font leurs armes, un « Clément » est toujours bien moins joué qu’un « Fabre », un « Rouget » ou un « de Royer Dupré ». A tort.

Un petit oublié corrigé le 6 Mai. A ces deux énormes professionnels je tiens à ajouter Xavier Nakkachdji, un entraîneur d'une rare habileté.

 

#7. SUR LA BASE D’UNE SEULE COURSE, UN MAIDEN A MOINS DE 2/1 TU NE JOUERAS PAS

Jeu de Mémoire hier ajoute encore de l’eau à ce moulin-là. Il n’est pas rare qu’un cheval ayant effectué de très plaisants débuts (sans gagner) se retrouve écrasé d’argent dans le « maiden » suivant qu’il dispute. Et ce, peu importe l’opposition qu’il rencontre. Et ce, même si d’autres inédits de bonnes origines sont au départ. Ainsi, si la cote n’est pas assez élevée, ce sont des « coups » qu’il vaut mieux laisser tranquille, quitte à voir le cheval gagner à 7/10.

 

#8. DANS TOUS TYPES DE COURSE, A TOUTES LES COTES, STEPHANE PASQUIER TU NE SOUS-ESTIMERA PAS

A mes yeux, le jockey parisien est le meilleur actuellement en activité en France, ses récents titres de gloire dans le championnat des jockeys en sont la meilleure preuve. Très adroit dans un peloton touffu, il reste moins joué que Soumillon ou Peslier dans les gros handicaps, ce qui lui vaut de rentrer souvent à belle cote. De plus, en tant qu’un des leading-jockeys de France, il a souvent le choix des engagements et sur ce plan, il ne se trompe que rarement.

 

#9. A LA QUETE DU GAGNANT A TOUT PRIX LA VALUE BET TU PREFERERAS

L’équation est simple finalement. Pour espérer être bénéficiaire sur le long terme, il faut régulièrement jouer les chevaux non pas selon leur chance absolue de l’emporter (au risque de ne jouer que les favoris), mais bien selon leurs chances relatives à leur cote de départ et à l’espérance de gain. Ainsi, il faut accepter de perdre sur un cheval à 40/1 si on estime que le cheval en question a plus d’une chance sur 40 de l’emporter (ou plus d’une chance sur 8-9 de finir dans les 3 premiers). Un % de chevaux gagnants ne veut rien dire, pas plus qu’un % de chevaux placés. Le tout, c’est de jouer les value-bets, ces paris pour lesquels la cote ne reflète pas la chance réelle d’un cheval de gagner. Exemple, Kenmour, ma sélection dans un quinté récemment. Donné à 40/1, il n’a pas mal couru et avec un meilleur parcours, l’aurait sans doute emporté 2 ou 3 si la course s’était courue 40 fois. Ce qui fait à mes yeux une value-bet.

 

#10. VISIONNER LES COURSES ET PRENDRE TES PROPRES NOTES TU FERAS

Il est facile de lire Paris-Turf le lendemain et de souligner les chevaux repérés dans les jumelles par leurs journalistes. Facile aussi de parcourir les partants à la recherche des petites jumelles dans le même journal. Et pourtant, si tout le monde interprète les courses comme les journalistes de Paris-Turf, tout le monde finit par jouer les mêmes chevaux. Et la cote n’a alors plus grand intérêt. De fait, privilégiez votre propre vision des courses, prenez vos propres notes (Gomez Adams dimanche aurait pu finir bien plus près) et gardez-les dans un coin de votre esprit.

 

Voila donc ma Bible de turfiste ... que je transgresserai peut-être dès demain si Flagstaff part à une cote inférieure à 2/1. Je suis persuadé que ce Flagstaff a un avenir en or qui l'attend. Nous verrons bien.

 

Publié dans Chroniques Hippiques

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